Pages

lundi 5 octobre 2015

Davantage de donneurs? Davantage de bonheur!

Selon un document que s'est procuré «Libération», le gouvernement s'apprête à publier un décret permettant aux personnes qui n'ont pas eu d'enfants de faire don de leurs gamètes.

C’est un verrou qui va sauter dans quelques jours. Précisément un décret que s’est procuré Libération et qui permettra aux hommes et aux femmes qui n’ont pas encore eu d’enfants de faire don de leurs gamètes, spermatozoïdes et ovocytes. Il aura fallu attendre quatre ans pour que ce décret d’application de la loi de bioéthique de 2011 soit rédigé, après moult négociations, visé par le Conseil d’Etat, et enfin bientôt signé par la ministre de la Santé Marisol Touraine et le Premier ministre.
Pourquoi un tel atermoiement sur une question apparemment anodine, quand il est de notoriété publique que la France a besoin de spermatozoïdes et d’ovocytes pour satisfaire un nombre grandissant de couples qui, souffrant de problèmes de fertilité, recourent à la procréation médicalement assistée ? Les chiffres sont là : chaque année, 24 000 enfants naissent grâce à une aide médicale, dans 5% des cas via un don de gamètes. Le plus souvent après des périodes d’attente très longues. Fin 2013, 2 600 couples étaient en attente de spermatozoïdes ou d’ovocytes. Découragés et souvent prêts (quand ils en ont les moyens) à se rendre à l’étranger pour accomplir leur projet familial. Une situation qui n’est pas jugée «acceptable» par la ministre de la Santé, qui s’est emparée de cette question que la droite encore au pouvoir avait laissé en rade.

Maîtriser l’horloge biologique

Le décret, dont la signature est imminente, vise à encourager les dons, et particulièrement d’ovocytes, avec l’objectif d’atteindre le chiffre de 900 donneuses, deux fois plus qu’actuellement. Comment ? En permettant aux hommes et aux femmes «nullipares» de donner. Mais aussi en prévoyant pour la première fois une compensation pour les donneurs. Non pas financière (le système français calqué sur le don du sang repose sur la gratuité), mais en nature. Oui, et c’est une première, les donneuses (et donneurs) pourront conserver à leur bénéfice une partie de leurs gamètes en vue d’un éventuel et futur recours à une procréation médicalement assistée (PMA).
Serait-ce la fin d’un système jusque-là totalement altruiste ? Est-ce un encouragement déguisé pour les femmes (surtout les jeunes) à mettre au frais leurs ovocytes pour mieux les retrouver plus tard une fois leur carrière accomplie à un âge où la fertilité baisse ? Le législateur a pris ses précautions : le don et l’altruisme prévalent. Au moins la moitié des ovocytes «matures» d’un même prélèvement seront destinés à être donnés et, en cas d’obtention d’une quantité insuffisante de gamètes, la donneuse ne pourra rien conserver pour son propre usage. Certaines y verront cependant une porte qui s’entrouvre, de plus en plus de femmes souhaitant désormais pouvoir mieux maîtriser leur horloge biologique.



Toujours réservé aux couples hétérosexuels

En 2012, le Collège des gynécologues français, conscient de ce désir de maternité plus tardive, avait plaidé en faveur de la possibilité de mettre au congélo les ovocytes de sa jeunesse. En vain. C’est ainsi que de plus en plus de femmes se rendent à l’étranger en douce –notamment en Espagne– pour stocker leurs précieux gamètes.
Aux Etats-Unis, c’est le privé qui a pris les devants. En 2014, Facebook et Apple n’ont pas hésité à proposer à leurs salariées de différer leurs grossesses en finançant la vitrification de leurs ovocytes. Limite ? L’affaire a fait grand bruit et ce jusque dans l’Hexagone qui devra attendre la nouvelle révision des lois de bioéthiques prévue pour 2016-2017 pour voir cette nouvelle demande sociale abordée.
De même que l’accès des couples des lesbiennes et des célibataires aux dons de sperme, toujours réservés aux seuls hétérosexuels. Au grand dam des intéressées qui avaient espéré plus d’ouverture de ce quinquennat qui laisse mariner ce dossier au Comité consultatif national d’éthique.

Catherine Mallaval 
http://www.liberation.fr/politiques/2015/10/04/bientot-davantage-de-donneurs-d-ovocytes-et-de-sperme_1396946
            

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire