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vendredi 22 janvier 2016

Perdue en Mère






Paysage, pendant l'attente après mon premier transfert DO, source: Don des Fées Mères
Ca vous arrive de vouloir laisser tomber ce parcours PMA ? Je ne parle pas d’un coup de blues, de colère, de tristesse, d’injustice suite à un résultat négatif de prise de sang…Non, je parle plutôt d’une lassitude profonde dont les dommages collatéraux prennent de plus en plus de place au sein d’une vie.
Moi, c’est en train de m’arriver, à moi, à mon couple, à mon homme…
Est-ce que c’est le parcours don d’ovocytes qui fait cet effet ou alors le parcours de nos vies ? Ou peut-être un peu tout cela mélangé ?
Je me suis oubliée, j’ai perdu l’insouciance de notre couple. Je n’ai plus la pêche, ma joie de vivre s’étiole lentement, à chaque tentative, à chaque espoir qui se solde par un échec.
Si nous cherchons à atteindre le bonheur d’être parents mais que la recherche de ce bonheur consume notre couple à petit feu, serons-nous des parents qui s’aiment toujours autant ou serons-nous simplement des parents ?

Vous pouvez me dire c’est un p’tit coup de Calgon, peut-être, je l’espère. J’espère que vous avez raison.
Toujours est-il que je me sens isolée, presque coupable de ressentir cela… Et oui, j’ai de la chance, j’ai eu une donneuse et après mes tentatives négatives, il me reste des embryons au frais…J’ai déjà cette chance. J’en ai conscience mais surtout, je suis lourde.
Lourde de ce passé, de cette santé un peu fragile, des évènements et des traumatismes que la vie nous imposent. Je suis légère de jolis souvenirs et de belles émotions mais, en reprenant Pierre Bachelet, on n’oublie pas, on accumule…
A 20 ans, après des mois de souffrance, j’ai été opérée en urgences avant la septicémie : un abcès sur l’ovaire de la taille d’une orange était prêt à exploser. Vie sauvée, ouf mais du coup je reprends le cours d’une vie différente à jamais plus légère d’un ovaire et d’une trompe, avec une cicatrice, qui encore aujourd’hui, fait croire aux esthéticiennes et médecins que j’ai eu une césarienne.
A 21 ans, les adhérences enserrent la trompe qu’il me reste, je suis opérée à nouveau pour la libérer. Je sais déjà, c’est écrit sur le compte rendu, que je devrais avoir recours à une FIV.
Des cellules malines à brûler à plusieurs reprises sur le col de l’utérus, une radio de la trompe qui dégénère  en salpingite, un sésame vers les urgences de l’hôpital et un laissez-passer en PMA.
Essai FIV 1 : faible réserve ovarienne, le pauvre, il bosse seul depuis, pffff, je vous laisse faire le calcul, j’ai 39 ans. Tentative interrompue car prise d’anticoagulants suite à une fracture du bassin.
Biopsie du sein qui vient interrompre le traitement également. Pas de risque pendant la stimulation. Merci aux médecins bienveillants !
FIV 2 : un embryon obtenu, un embryon transféré, un résultat positif, un taux qui monte mais qui  ne double pas et qui se solde, comme on s’y attendait par une fausse couche. Le seul embryon qu’on aura réussi à obtenir avec mon ovaire.
Essai FIV 3 : aucun ovocyte
Essai FIV 4 : aucun ovocyte obtenu, découverte d’un hydrosalpinx, annonce du passage en don si on souhaite poursuivre notre projet de parentalité.
On souhaite poursuivre.
Pour mettre plus de chances de notre côté, une intervention pour m’ôter la trompe restante.
Je n’ai plus de trompes, les miracles des bébés couettes s’envolent encore plus loin, à jamais.
Et là commence le parcours pour entrer en protocole de don d’ovocytes...Parcours d'un combattant battu...
Et pendant ce temps, les soucis de santé sont là. Ce n’est pas parcqu’on est en PMA, qu’on est sous cloche, qu’il n’y a pas d’autres fragilités. Même si on a tendance à se refermer, la cloche est poreuse… En fait, c’est la PMA qui se rajoute à la vie pour espérer donner la vie.
Je suis fatiguée des traitements, des timings, des plannings, des rendez-vous, des attentes, des espoirs, des déceptions.
Presque j’en ai honte de ressentir cela, je l’ai dit plus haut.
Je me pose, je me regarde, je me juge et puis je me souviens des paroles bienfaisantes d’une amie qui n’a pas eu la chance d’avoir des enfants :
 LA PAIX ARRIVE QUAND L’ATTENTE PREND FIN
 J’ai 39 ans, un parcours chaotique, je veux me retrouver, je veux retrouver mon homme, mon couple, notre insouciance, notre légèreté et notre spontanéité.


Source: mortderire.com via Facebook
Alors, je ne sais pas quelle sera la suite de notre parcours. Nous avons encore des chances congelées.
Alors, je crois que oui, je vais congeler aussi ce projet pour le moment et je vais donner des forces à mon amour qui s’étiole, je vais le nourrir et le choyer. Car sans cet amour, la quête du bonheur parental est vaine.
Je reste attentive aux actualités et continue à aider à ma façon la cause PMA - Don d'ovocytes.
Si de potentielles donneuses souhaitent me contacter, cela ne change absolument pas, c'est avec grand plaisir!


1 commentaire:

  1. Roméo j'espère que tu choisiras toujours les priorités du bonheur ... Je me suis toujours dit que tu étais gâtée par la nature, avec ton minois angélique avec ton petit nez parfait, tes grands yeux bleus océan, pas bleu azur parce que bleu azur c'est sans surprise, que le bleu océan jamais on n'arrive à le dompter, avec ton sourire à faire fondre tous les glaciers, avec ton intelligence émotionnelle, cette capacité d'adaptation, ta mémoire à faire pâlir les disques durs, ... et ta détermination sans faille ... alors quand je lis ça ça me donne l'impression que la nature t'a beaucoup donné et pis ... et pis qu'elle a dû rendre des comptes au big boss et c'est tout ce qu'elle a trouvé pour justifier toutes ces faveurs ... pour dire que non elle ne faisait pas de chouchou sur cette terre. C'est beau ce que tu dis, et cette maturité dont tu fais preuve c'est fort. D'avoir le recul et avoir conscience des conditions nécessaires (et peut être suffisantes) du bonheur. Je t'aime ma Roméo.

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